A scam is a good deal that has encountered a bad law. (ft. Finn)

L’embarcation sur le Pacific Star n’était plus très loin, bientôt tu pourras commencer cette nouvelle vie qui te libérera de toutes tes obligations familiales, pas question pour toi de suivre le chemin qu’on te trace tu es le seul maître de ton destin et ce soir encore tu le prouves en vagabondant dans les rues de Miami plutôt qu’en étudiant des affaires de la société de ton père.
Les mains dans les poches de ton blouson en cuir, tu te laisses porter de rue en rue jusqu’à ce que tu aperçoives finalement un petit amas de personnes, la raison de leur présence, un magicien, c’est le genre de chose que tu pourrais regarder pendant longtemps, alors tu restes planter là, décrochant parfois un sourire quand il réussit vraiment bien son coup.
Tes yeux sont braqués sur cet homme mais bien vite ils se dirigent vers une nouvelle personne, une jolie jeune femme au grand sourire, tu la vois prendre plaisir à se joindre à l’un des tours, s’investissant même jusqu’à confier l’un de ses bijoux, ce petit moment de bonheur pour elle, pour le public, pour toi, t’en profites tant que tu le peux encore, tant que t’as encore un pied à terre, c’est ce qui te pousse à rester jusqu’à la fin.
Tu applaudis tour après tour, comme tous le font et comme eux tu t’apprêtes à tourner le dos et à partir quand tu entends des échanges violents entre le magicien et celle qu’il avait choisi comme intervenante, tu aperçois son visage triste, tandis que le pseudo magicien commence à plier bagage aussi vite qu’il le peut.
Cette montre, qu’elle a prêté de bon cœur avec un grand sourire et une confiance aveugle, il ne lui a jamais rendu, cette jeune femme qui semblait si heureuse quelques minutes auparavant, il venait de la briser en lui volant quelque chose qui lui été cher.
Tu ne prétends pas être un super-héros ou quelque chose du genre, mais si tu n’interviens pas ce soir pour cette pauvre âme désemparée, tu sais d’ores et déjà que tu ne pourras plus jamais regarder dans une glace, ni même monter dans ce bateau de croisière qui est sensé te mener droit à ta nouvelle vie, tu te dois de venir en aide aux personnes dans le besoin, c’est ta conscience qui te l’ordonne et c’est sûrement la seule chose que tu écoutes en ce bas monde.
Tu te détournes face au magicien, ton regard noir, ton air méprisant, tu l’attrapes par le col et le plaque contre le mur, ce que tu es en train de faire pourrait te valoir de finir dans un joli commissariat, mais qu’importe tu sais que si tu n’utilises pas la manière forte, il ne parlera jamais, lui mettre un grand coup de pression c’est ta seule chance pour lui faire cracher le morceau, et après l’avoir privé d’air quelques fois en serrant bien sa gorge, il cède et indique où se trouve la montre avant de s’en aller en criant qu’il y’aura des représailles.
Tu te baisses pour ramasser l’objet cachet au fin fond d’un sac sans prêter attention à ses paroles superficielles, un air toujours aussi froid et renfermé se lit sur ton visage tandis que tu tends la montre à la jeune femme dont tu peux enfin apercevoir vraiment le visage, cette jolie crinière blonde et ce doux visage, elle avait tout de la parfaite innocente qui ne mérite pas ce genre de mésaventure, celle que tu as envie de prendre dans tes bras pour la réconforter en lui disant que tout va bien se passer, mais paradoxalement toi tu étais le grand méchant loup, et elle venait de te voir sous ton comportement animal, celui où tu laisses la bête parler et se déchaîner, t’étais pas l’agneau mais plutôt le big bad wolf, dont la présence était parfois nécessaire.

« Je suis désolé pour le spectacle, vous allez bien ? Il ne vous a rien fait ? »

Un instant, une seconde, c’est tout ce qui t’avais fallu pour décider d’intervenir dans un conflit où tu été étranger, là où la plupart des gens n’auraient pas réagis, bien trop passif, peureux, toi tu t’es laissé guidé par ton instinct primaire, t’as décidé de te dresser face à un monstre quitte à en devenir un à ton tour.
Tu n’attendais rien de cette action, tu n’avais à vrai dire jamais rien n’attendu de personne mais ce soir, rien que ce petit remerciement que la jolie blonde t’adressait te faisais esquisser un léger sourire faisant quelque peu reculer ton air froid, comme une torche repousserait l’obscurité.
Tu hoches la tête, content qu’elle aille bien, tu t’étais déjà préparé à appeler les secours, qui sait ce qu’aurait pu faire ce malade, t’avais déjà vu dans tes plus jeunes années certaines personnes se faire blesser pour de l’argent parfois même pour pas grand-chose, c’était sûrement en raison de cela d’ailleurs que tu gardais la tête froide, que tu ne paniquais pas et que tu avais su poser des limites lorsque tu t’étais mis à saisir l’homme.
« Bien sûr madame. »
Avec délicatesse tu attrapes cette montre qui semble être si importante à ses yeux, tu la passes autour de son fin poignet et l’attache assez serré pour qu’elle tienne en place sans pour autant qu’elle ne lui fasse mal.

Ton regard viens se poser finalement dans le sien alors que tes mains quittent doucement son poignet, l’effleurant de tout son long, nul doute que la belle a eu assez de violence pour la soirée, chaque action que tu fais, chaque mot que tu dis, tu essayes d’être gentil, rassurant, peu souvent tu as été comme ça, empathique, à l’écoute, prêt à aider, tu te trouvais de l’autre côté de la barrière à braver les interdits et peut-être que ce soir quand tu te tenais cet homme à la gorge c’était aussi une partie de toi que tu voyais, celle qui restera encrée à tout jamais en toi attendant le bon moment pour resurgir.

Cette fois c’est un large sourire qui se dessine sur tes lèvres, comment pouvais-tu refusais de dîner avec cette femme sublime, difficile pour toi de dire non, et après tout c’était aussi un moyen pour toi de t’assurer qu’il ne lui arrive rien d’autre pendant la soirée.
« J’accepte avec grand plaisir, seulement si c’est moi qui vous invite, aussi ringarde que puisse être cette phrase, je me sens obligé de le dire par pure vérité, votre sourire me suffit amplement. »
Léger rire que tu laisses échapper, ça fait bien longtemps que tu n’as pas laissé ton bon côté ressortir autant, cette femme avec laquelle tu marches sans trop savoir où tu vas dégagerait-elle une aura magique.
« J’en ai oublié de me présenter, je m’appelle Finn. Eeeeeet je ne suis pas un grand connaisseur de restaurant, donc je vais me fier à vous ma chère. »
En réalité n’importe quel restaurant conviendra parce que ce que tu recherches surtout c’est apprendre à connaître la personne qui se cache derrière ce visage angélique.

Son rire qui te fait dresser à nouveau un petit sourire sur tes lèvres, la soirée avait commencée de façon chaotique mais les choses semblaient désormais prendre une toute autre tournure, beaucoup plus belle.
Elle reconnaît directement l’origine de ton prénom, et semble déjà s’intéressait à toi en te posant des questions, pure amabilité ou réel intérêt pour l’homme que tu es, tu ne le sais pas encore, mais quelque-chose en toi te dis qu’elle est vraie avec toi, qu’elle ne porte pas de masque.
« Exactement, vous connaissez bien l’Irlande ? »

Faith, c’est un nom que tu as très peu entendu dans ta vie, peut-être est-ce même la première fois, tu le trouves magnifique, les prénoms avec une signification tu les as toujours aimés parce que pour toi, ils ne sont pas choisis au hasard, ils définissent bien la personne qui les portent.
« Faith, je suis amoureux de votre prénom. Enchanté également. »

Tu poses ton regard sur la belle, l’écoutant pour ses recommandations là où tu es un complet amateur, tu la vois s’arrêter alors qu’elle s’apprêtait à te dire quelque-chose, tu sens son air gêné se poser sur toi. Loin d’être le genre de mec à être indiscret et à vouloir tout savoir, tu la laisses passer à autre chose, hochant la tête, après avoir écouté ses indications. Etait-ce une bonne idée de choisir ce restaurant de fruit de mer qui semblait lui rappeler des souvenirs passés qu’elle n’avait pas envie de partager avec toi, devais-tu choisir en fonction de ce que ton instinct te dictait par rapport à Faith ou devais tu choisir impartialement, tu réfléchissais quelques secondes avant d’opter pour le choix du japonais, te disant que ce sera sûrement une meilleure chose pour elle.
« J’aime bien les petits restaurants, c’est plus calme et plus ouverts à la discussion, si ça vous va j’opte pour le japonais. »

Reprenant ta route à ses côtés, tu reposes ton regard sur Faith avec l’envie de lui poser mille-et-unes questions sur elle, son travaille, ses passions, sa vie en général. Ton côté loup solitaire semble s’être apaisé pour un temps, deviendrais-tu finalement sociable ou n’est ce qu’un bref moment d’une autre de tes personnalités que tu as décidé d’enfouir au plus profond de ton être.
« Dites m’en plus sur vous Faith, vous faites quoi dans la vie si ce n’est pas trop indiscret ? »

Tu sautes finalement le pas, ne t’étant pas prêt au retour de question auquel tu auras sûrement le droit, seras tu prêt à parler de toi autant que tu lui demandes de parler d’elle, seras-tu prêt à montrer tes parts d’ombres comme de lumières ou te sentiras tu obligé de déformer la vérité sur quelques points.

Un sourire t’échappe, t’es content de te tenir à côté d’une personne qui apprécie les beaux paysages Irlandais, c’est sûrement ce que toi aussi tu préférais quand t’étais encore au pays, le calme, la sérénité, tout ce que t’avais perdu, trop vite.
« C’est sûrement la meilleure chose qu’on possède, avec la bière aussi. »
Un léger rire pour venir se poser sur tes mots, il faut dire ce qui est après tout, ça aussi t’en as bien profité de la bière, dans tes périodes sombres c’était une boisson que tu consommais beaucoup parce que sûrement que c’était la plus abordable.

T’aperçois d’un coup d’œil les joues de Faith virer au rouge, tu l’as flatté et ça te fais plaisir parce que tu l’as fait en disant quelque chose que tu pensais réellement, l’originalité et la beauté de son prénom tu l’aimais vraiment.
Ecrivaine donc, voilà un métier que t’affectionnes tout particulièrement, les auteurs ont la capacités à te prendre et à t’emmener dans leur univers avec parfois une facilité déconcertante, toi dans ta vie, tu n’avais pas lu beaucoup, seulement des grands classiques mais sur cette croisière sur laquelle tu allais embarquer, nul doute que c’était l’une des activités que tu allais reprendre, parce qu’au fond tu savais très bien que dans cette société, dans cette vie, la connaissance, le savoir prime et les livres étaient le plus simple accès à ce Graal.
« C’est un beau métier, vendre des histoires et parfois même du rêve aux gens, j’aime l’idée, j’aime le métier. »
Tu entends la belle te faire part de ses inquiétudes et t’as vraiment envie de la rassurer, tu ne la connais pas, mais quelque chose au fond de toi te dis que cette femme, c’est un petit bout d’ange, la gentille par excellence alors tu l’incites à continuer du mieux que tu le peux.
« J’espère sincèrement que vous les surmonterez, il faut persévérer et ne pas se laisser abattre par toutes les claques que tente de nous mettre la vie sinon on finit vite à genoux à ne plus croire en rien, croyez-moi. »
Et pour cause, t’as eu ton lot de mésaventures, t’es passé par le côté bien flippant de la vie par celui qui frôle la mort, t’as réussi à t’enfuir d’une prison que ton père t’avait construite. T’espères sincèrement que Faith n’aura pas à vivre des choses comme ça, d’autres mésaventures comme celle de ce soir, parce que les gens bien sont beaucoup trop rare pour qu’on s’en prenne à eux de la sorte.
Tu échappes un rire avant de répondre à la question de Faith, les yeux rivés toujours sur elle, tu tentes de capter son regard.
« Les jolies demoiselles en détresse vous vouliez dire non ? »
Puis tu continues avec un air un peu plus sérieux répondant à sa question et dévoilant ton futur job.
« Et bien j’embarque très bientôt en tant que chef des agents de sécurité sur une croisière, du coup je profite de me balader une dernière fois dans la ville avant de ne plus la voir avant un petit bout de temps. »