Great things never came from comfort zones - Erin

Great things never came from comfort zones - @Erin Pierce

La nuit était doucement tombée sur Miami, et les lumières de la ville se reflétaient sur l'étendue d'eau se profilant devant Renée. Elle avait fui l'agitation et les murmures des conversations pour venir se réfugier quelques instants sur le pont principal, pour profiter un peu du calme, sous la voute céleste qui la surplombait. Les coudes appuyés au bastingage, elle regardait l'horizon, une coupe de champagne intacte à la main. Et ce fut à ce moment qu'elle réalisa. Elle n'était plus l'une de ses jeunes musiciennes que l'on attendait, puis qui repartait dès que la représentation se terminait. Elle en avait fini avec cette vie-là. Elle allait devoir se plier aux exigences de ses supérieurs. Elle n'avait jamais véritablement travaillé. Musicienne, elle n'avait jamais considéré cela comme un travail. Une vocation, une passion, un besoin vital. Pas un travail. Elle naviguait au-dessus des mortels et de leurs soucis quotidiens et superficiels, et faisait vivre des mélodies anciennes. Elle se sentait étrangère de ce monde, et sa présence ici la ramenait brutalement sur Terre. Le problème, c'était qu'elle n'était plus si certaine de son choix. Renée soupira. La scène était chargée d'un potentiel dramatique incroyable. Elle regarda l'eau noire, plusieurs mètres en contrebas. Elle se demanda ce qui pouvait bien se cacher là-dessous.

GREAT THINGS NEVER CAME FROM COMFORT ZONES - feat. @Renée Dobson

Je ne peux pas dire que je n'ai pas l'habitude des fêtes, soirées ou réceptions, appelez-les comme vous voulez, mais je les vis d'ordinaire bien différemment. D'habitude, j'y campe un rôle très précis qui dicte ma conduite tout au long de l'événement et cadre mes interactions. La plupart du temps je suis l'hôtesse et mets les petits plats dans les grands pour mes invités, m'assurant à chaque seconde que tout se passe pour le mieux et que tout le monde est satisfait. De temps à autres j'enfilais ma casquette d'épouse et paradais au bras de mon mari, presque comme un accessoire qu'on enfile, riant aux bons mots de ses collègues et participant suffisamment aux conversations pour me rendre intéressante, tout en sachant rester en retrait pour ne jamais l'éclipser. Je suis toujours dans le calcul, dans la réflexion, et c'est donc totalement déroutée que j'affronte cette nuit qui, finalement, m'est dédiée. Quand je dis moi, ce n'est pas moi personnellement, évidemment, mais elle est organisée en grande partie pour les passagers, pour lancer la croisière et leur souhaiter la bienvenue... Alors je n'ai rien d'autre à faire que profiter de ce qui m'est offert en lâchant prise. Plus facile à dire qu'à faire. Si je réussis à me plier à cet état d'esprit pendant les premières minutes, heures, je finis par me sentir quelque peu opprimée, et décide de prendre l'air au calme sur le pont, pour enfin décrocher le sourire scotché à mon visage et détendre mes épaules crispées. Mes pas me mènent vers la mer et la proue du bateau et il est trop tard pour faire demi tour lorsque je m'aperçois que cette endroit n'est pas aussi désert que je l'aurais espéré. Mes talons ont déjà claqué sur le plancher, ma présence ne peut plus être dissimulée. Je franchis donc les derniers mètres qui me séparent de la silhouette inconnue et m'accoude à la balustrade, imitant sa posture. Je profite encore quelques fractions de secondes du silence avant de me sentir obligée de le briser. « C'est paradoxal... Je viens ruiner votre moment de calme en venant chercher le mien... » Mes yeux se promènent sur l'horizon et les lumières de Miami que nous allons bientôt quitter, avant que je n'ajoute : « Je ne sais pas vous... mais je suis un peu dépassée, disons ? » Ne me demandez pas pourquoi l'inconnue est autorisée à entendre mes doutes ce soir, peut être que je compte sur la pénombre pour me protéger ?

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