ricochets. (renée)

Au final, sa soirée ne s'était pas déroulée comme il l'aurait souhaitée. Voilà minuit passées, et Carson n'a toujours pas de demoiselle pendue à son bras. Ayant décidé de prendre l'air quelques instants afin de pouvoir profiter d'un moment de quiétude, Carson s'installe sur un banc, le temps de se retrouver avec ses pensées. Il essaie de se rassurer : la croisière sera bien assez longue pour lui permettre de trouver conquête susceptible de lui plaire, ce n'est donc que partie remise. À cet instant précis, l'Américain regrette cependant ses plages de Miami. Il aimerait de nouveau pouvoir ramasser un caillou qui traine afin de pouvoir aiguiser ses compétences en matière de ricochets, un gage d'une époque plus légère et joyeuse, lorsque son frère estimait encore avoir des choses à lui apprendre et le voyait encore comme un petit garnement plutôt qu'une terrible menace. Mais il n'y a pas de caillous sur ce pont, et l'époque où Julius et lui s'abandonnaient des heures durant à des compétitions de ricochets est depuis fort longtemps révolue. Alors Brooklyn profite de l'air marin. Il inspire profondément, ralentissant la cadence de son coeur tout en détendant les muscles de son dos. Il avait vraiment été con avec la jeune fille au bar, il s'en rend compte, maintenant. Pourtant, il n'avait pas autant d'alcool dans le nez que cela – une preuve que son intellect n'était pas forcément son atout principal. Les gens vont et viennent sur le pont, tandis que Brook reste sur son banc. Il retournera peut être au bar, plus tard. En attendant, il profite de son moment de calme et de sérénité océane.

@Renée Dobson

ricochets - @Brooklyn Carson

Renée avait décidé de ne plus remettre les pieds dans la salle de réception tant qu'elle n'y était pas forcée. Cela serait sûrement mal vu si quelques autres membres de l'équipage s'en apercevaient, mais qu'importe. Elle avait eu son lot de soirées mondaines durant le cours de son existence. Elle parcourut le pont principal, lentement, sa coupe de champagne vide à la main. Elle ne voulait pas retourner là où se déroulaient les festivités et ne pouvait se résoudre à abandonner la flûte n'importe où. Ses pieds commençaient à lui faire mal. Son dos se faisait douloureusement sentir. Renée n'avait pas l'habitude de rester debout aussi longtemps, elle qui passait tellement de temps assise derrière sa harpe. Sur le pont, quelques transats disséminés çà et là. Elle n'allait quand même pas s'installer dans l'une des chaises longues, en robe de soirée, alors qu'elle était censée bavarder avec les passagers et se montrer digne du prestigieux Pacific Star. Mais c'était tentant. S'allonger et regarder les étoiles... Elle continua à marcher, croisant quelques personnes qui s'attardaient un instant pour admirer la vue avant de retourner parmi leurs pairs. Renée, elle, arpentait le pont, respirant l'air marin. Elle avisa un banc, un peu plus loin. Seuls le bruit de ses talons et le murmure des vagues rompaient le silence. Elle s'arrêta subitement lorsqu'elle aperçut une silhouette masculine occupant le banc. Son banc. Renée soupira légèrement, agacée. Elle tourna le dos, s'éloigna de quelques mètres et se planta face à la mer. Elle attendrait que la personne s'en aille et passerait ensuite le restant de la soirée dans le calme et la solitude jusqu'à ce que le jour se lève.

Au final, la quiétude de la solitude apporte son propre réconfort. Après plusieurs verres bien corsés, le millionnaire avait rapidement ressenti un besoin de respirer un vent d'air frais. S'étant dirigé vers le pont extérieur, ou seuls quelques rares passagers ou membres de l'équipage avaient eu l'audace de venir se promener, probablement eux aussi désireux d'échapper à la foule et au vacarme omniprésent dans la salle de réception, l'Américain avait décidé de s'installer sur l'un des bancs les plus lointains au centre des festivités, faisant face à la mer, là où il pourrait se retrouver seul avec ses pensées. Certes, tous les bancs sur ce pont ont vue sur la mer, au final, mais ... Celui-ci est dans le même sens que le bateau, et pour Brooklyn, cela fait toute la différence. Il reste ici une bonne dizaine de minutes, dans l'obscurité et le silence, laissant ses pensées vagabonder d'idée en idée. Quelle serait sa prochaine invention ? Une application qui permettrait de livrer une voiture de location à domicile ? Une application qui enseignerait les langues par le biais de systèmes d'exploitations sophistiqués ? Une application qui se chargerait de retranscrire à la virgule près tous les mots qui lui seraient dictés ? Les opportunités sont vastes. Perdu dans ses pensées, il ne remarque pas les pas discrets qui résonnent contre le sol boisé, se rapprochant de son emplacement pour mieux s'en éloigner par la suite. Cinq minutes supplémentaires passent avant que l'Américain ne se retrouve à redresser son regard, par le plus grand des hasards, pour remarquer que non loin de lui se trouve une jeune femme qui ressemble à une célèbre harpiste. Du moins, il lui semble bien que c'est elle ... Mais qui sait ? Encouragé par l'alcool qui coule à flot dans ses veines, voilà que Brooklyn se lève pour aller lui faire causette. « Je ne sais pas si on te l'a déjà dit, mais tu ressembles à une célèbre harpiste. » Il ne pouvait pas y avoir de meilleure entrée en matière, assurément.

@renée dobson

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