What do you expect ? (Brooklyn)

Douce matinée qui s’offre à toi ce matin. Petit déjeuné face à la mer, ta tasse de thé mise en lumière par le soleil, cela te donne l’impression de rêver. Tu n’as plus besoin de penser à ce qui s’est passé durant ces dernières années, tu n’as plus besoin d’imaginer ton mari près de toi. Tu peux balayer tout ça et aller de l’avant, souffler enfin et réaliser que plus rien ne te retient. Tu peux maintenant vivre la vie que tu as envie, te maquiller, faire du sport ou tout simplement porter une robe comme celle que tu as maintenant. Et pour fêter cela, tu as décidé de créer ton carnet de voyage comme d’autres passagers de ce bateau. Montrer à ceux qui te sont cher que tu es encore en vie, que tu souhaites juste profiter de la vie. Cependant, tu t’y mettras un peu plus tard, quand tu seras certaine d’être en pleine mer, d’être éloignée complètement de la côte : il y a quand même cette peur qui persiste, qui t’empêche réellement d’être toi-même. Ton mari est un fou et tu sais qu’il fera tout pour te retrouver. Mais ne penses pas à cela maintenant. Ce n’est pas le moment. Tu termines donc rapidement ton petit déjeuné avant de retrouver ta cabine et de te préparer pour ton sport quotidien. Une séance de yoga qui ne pourra te faire que du bien.
C’est donc après avoir enfilé une tenue de sport que tu n’aurais jamais osé mettre avant – un leggings assez moulant, une brassière de sport et un top assez ample – que tu rejoins la salle de fitness. Tu n’es pas une novice en la matière puisque ton mari t’autorisait à pratiquer la discipline. Sa technique à lui qu’il n’était pas un bourreau et qu’il laissait sa femme faire ce qu’elle souhaite, ou presque. Tu entres dans la fameuse salle et salues le professeur et les autres adeptes de yoga. Peut-être que tu pourras sympathiser avec certains d’entre eux, tu trouveras le temps moins long sur le bateau comme ça. Cependant, tu restes un peu en retrait, un peu timide, voyant que des groupes ce sont déjà formés. Tu t’intégreras plus tard, pour l’instant le cours va commencer.
Chacun s’installe sur son tapis de gym te permettant de remarquer le fameux jeune homme du bar. Tu ne pensais vraiment pas ça de lui. Tu le voyais bien plus faire du golf ou un autre sport réservés à ces nouveaux riches qui se la pètent. Alors voyant qu’une place est disponible près de lui, tu décides de t’y installer. Juste pour ne pas te sentir seule durant cette séance et seulement pour ça. "Je ne m’attendais pas à vous voir ici !" lui dis-tu avec le sourire.

Te retrouver dans cette salle de fitness est à la fois un soulagement mais aussi une vague de souvenirs qui te revient à l’esprit. Comme s’il y avait toujours un petit quelque chose qui te rappelle ta vie d’avant. Tu aimerais pouvoir te débarrasser de tout ton passé mais c’est impossible. Trop de choses, trop de gestes te ramènent à lui. Alors quand tu vois le jeune homme qui t’a abordé l’autre fois à l’inauguration, tu te dis qu’il pourra très certainement te faire penser à autre chose pendant cette séance de sport. Ce dernier est d’ailleurs surpris de te voir t’installer à côté de lui. Il faut dire que tu l’as un peu mal reçu l’autre jour et c’est compréhensible qu’il te regarde un peu perplexe. Tu as peut-être jugé un peu trop le jeune homme. Après tout, il aime peut-être vraiment ça, le yoga. Du moins de ce qu’il en dit. Mais tu préfères te dire qu’il est un adepte de cette discipline plutôt que de penser qu’il est un profiteur qui vient se rincer l’œil. Parce qu’il pourrait très bien venir ici juste pour ça. "Je vous voyais plus faire du tennis ou du basket !" lances-tu avant de rajouter avec un sourire taquin "Ou encore du golf…" A cet instant, tu aurais pu encore lui citer d’autres sports mais le professeur de yoga commençant son cours, tu préféras te taire le temps d’écouter les consignes. Puis vient la première position après tout la petite préparation de méditation. Et alors que tu devrais rester pleinement concentrée, tu ne peux t’empêcher de jeter quelques coups d’œil à ton voisin pour voir comme il se débrouille. Et peut-être mater un peu. Mais ça, tu ne l’avoueras jamais. "Au fait, je voulais m’excuser pour la dernière fois… C’était absolument pas contre vous…" Tu as bien senti à l’inauguration que le garçon avait un peu la mort de subir un refus. Il n’a surement pas l’habitude.

D’après ses dires, le jeune homme a l’air de pratiquer un plus grand nombre de sports que tu ne le pensais. A sa carrure, tu aurais du le deviner pourtant, ce n’est pas le premier homme musclé que tu vois. "En effet… Vous n’avez pas tords…" Cependant que tu lui fais comprendre que tu l’aurais vu plutôt dans le golf, le bellâtre grimace et tu te sens aussitôt honteuse. Tu l’as sûrement gêné avec ta réflexion et tu te demandes s’il l’a alors mal pris. Tu te racles la gorge, secouant la tête et t’exclames "Je ne voulais insinuer cela !" Génial, tu vas passer pour une ignare maintenant, une inculte qui met tous les riches dans le même panier, à savoir tous des joueurs de golfs.  Un instant de silence s’installe alors entre vous, le temps d’écouter le premier exercice donner par le professeur. Tu jettes un coup à ton voisin pour te rendre compte de sa capacité à réussir et tu constates qu’il se débrouille plutôt bien. Encore une fois, tu l’as jugé trop vite en le mettant dans la case des novices. Puis tu t’excuses pour la dernière fois, espérant que le jeune homme ne t’en voudra pas. Tes épaules s’affaissent quand il accepte tes excuses, avouant même que ce n’est rien. Ca te rassure de savoir ça, de savoir qu’il ne t’en veut pas. Et apparemment, il est même prêt à réitérer l’expérience puisque que ton interlocuteur tente sa chance. Tu fronces légèrement les sourcils, le trouvant vraiment déterminé. D’autres auraient déjà lâché l’affaire mais pas lui. "Boire de l’alcool après l’effort, ce n’est pas la meilleure idée, tu sais ?" Toutefois, tu ne veux pas non plus lui poser de lapin et si tu peux te faire un allié sur ce bateau géant, pourquoi pas. "Si, c’est non alcoolisé, j’accepte volontiers…" Au même moment, l’instructeur vous donne un énième exercice à réaliser, mais cette fois-ci, te voilà en difficulté et tu manques te ramasser, te rattrapant comme tu peux au bras de cet homme qui se dit être galant.