NICKY HARRINGTON feat. lily james

Icare et le Soleil, une des lignes directrices des tragédies du Labyrinthe. Il s’élance, court, entend encore son père Dédale lui dire de n’approcher ni trop près de l’astre vif, ni trop près de la douce mer, et beaucoup s’aveuglent à voir l’étoile la plus brillante de l’histoire comme l’euphorie soudaine du garçon, mais comme toujours l’homme, finit à la merci des eaux amantes. - Et Icare n’en réchappera pas. - La mer, l’océan, les fleuves, sans quitter leur mouvement perpétuel fascinent les hommes dont mon père. Il connait tous les chants marins dont les échos embrassent les côtes bretonnes, il siffle parfois à l’horizon, plaisantant, parlant des sirènes et de leurs bras conquérants.
Parfois s’approcher du récif semble le faire frissonner, de crainte peut-être? Ou de peur et d’excitation, il m’est impossible de le dire. D’un côté l’encre tiède se calque sur ma main, de l’autre il regarde les vagues, la houle, espère y retrouver des rimes, ou des logiques tragiques. Croiser Poséidon serait plus belle aventure pour Papa que de retrouver l’étreinte de ma mère et s’il y avait un monde qui ne nous avait pas encore pris, ce n’était pas la mer, c’était le pays.
L’accent à mon nom suggère que je suis anglophone, d’ailleurs mon parler est parfois teinté d’écume et tandis qu’il ne s’accoutume à presque personne, à la mer si, tout à fait. Mais plus que tout je cherche parfois de l’oeil le confort de voir la terre apparaître, je me vois bien poser pied et plus j’approche plus j’appréhende la stabilité du monde. 
Je doute pouvoir bien vivre, ou tomber amoureuse d’autre chose que les tempêtes, quand les eaux sont violentes et soudain orangées, évanouies. Aussi je vois, très loin mon père penser à accoster et la panique me prend. C’est le dernier souvenir que j’ai, et j’ai dix-sept ans. 
 Les rues sont en pente et les pots de fleurs débordent des fenêtres, là où les fleurs ont chaud et s’étoffent en vert et rose, devant Papa avance, une main devant la figure, je crois qu’il a toujours su faire ça, aller de l’avant.

Sur le pont l’odeur du détergent monte au nez avec le savon de Marseille, on a rien inventé de mieux disent les anciens dans les bars français. Nick saute par dessus la rambarde pour atteindre le hublot, on lui dit bonjour, elle répond « comment allez vous » et sans se rendre compte, se réjouit du contact avec des visages familiers.

La routine du bateau va venir avec le mouvement de l’eau, elle n’est pas encore là, les contours des paupières sont foncés et les traits tirés, anxiété du voyage, du départ, longtemps qu’elle n’a plus rejoint son premier amour: l’Océan, et seule, cette fois, même si elle aimait se vanter, d’aimer la solitude, aujourd’hui c’est tout autre chose. 

Quand les mains de Nick s’agrippent aux rebords pour escalader ou simplement frôler les contours du navire, l’anneau cogne et tourne autour de son doigt comme un rappel, qu’elle n’est pas prête à s’en séparer mais que la séparation a déjà eu lieu et que dorénavant elle est étrangère pour à peu près tout le monde, mais surtout ceux qu’elle croyait être sa famille.